Comment intégrer les TIC et s'assurer qu'elles contribuent à l'apprentissage?


Avec l'avènement des technologies, on se fait souvent demander si l'ordinateur, le tableau blanc interactif, le dictionnaire en ligne ou toute autre nouveauté va améliorer l'apprentissage et augmenter les résultats scolaires. La réponse est et sera toujours: «Ça dépend de ce qu'on en fait».

La gradation des processus cognitifs


Nous savons intuitivement que tous les processus cognitifs ne sont pas équivalents. C'est-à-dire que le simple fait de mémoriser une règle de grammaire n'implique pas le même engagement cognitif que le processus complet d’autocorrection.

Mais comment s'y retrouver? Qu'est-ce qui est important? Si je veux que mes élèves apprennent, sur quoi dois-je mettre l'accent? Est-ce que je dois vraiment prendre du temps pour amener les élèves à comparer, analyser, débattre ou est-ce que je devrais plutôt mettre l'accent sur la mémorisation des faits?

Réponse?


Ça dépend de ce qui me semble important. Si je pense en tant qu'enseignant(e) qu'entendre ou lire une explication permet à mes élèves de s'approprier un concept et de l'utiliser dans d'autres contextes, je vais sûrement mettre mes élèves dans des situations où ils vont écouter une explication ou lire des textes et répondre à des questions.

Par contre, si je perçois l'apprentissage comme étant une construction personnelle s'intégrant à ce que l'élève sait déjà et que cette construction doit être faite par chacun de mes élèves, en tant qu'enseignant(e), je vais devoir aller plus loin que la mémorisation de faits, de concepts, de règles ou procédures. Je devrai susciter la discussion, le débat, l'analyse, etc.

La taxonomie révisée de Bloom nous suggère une gradation des processus cognitifs. Selon cette taxonomie, plus un élève maîtrise un concept, une notion, mieux il pourra l'appliquer, puis s'en servir pour analyser une situation, évaluer un problème, choisir une solution et être créatif(ve). Cette taxonomie peut nous guider. Pour analyser une situation, j'ai besoin de maîtriser les faits... c'est peut-être avec ce type de situation que je permettrai à certains élèves de solidifier leur connaissance d'un concept.

Cette taxonomie ne s'inscrit dans aucun programme de formation, aucune politique, ni aucune réforme. Elle a été traduite dans 22 langues depuis 1956. Elle semble être une piste pertinente pour plusieurs enseignants à travers le monde.

On n'a pas besoin des TIC alors?


Pas toujours. Si les technologies peuvent nous permettre de mettre nos élèves dans une situation faisant appel à un processus cognitif non maîtrisé (analyse, évaluation ou création), et ce, mieux que si nous n'avions pas accès à la technologie, c'est là que ça devient intéressant. Les TIC peuvent nous permettre:

- de consulter plusieurs point de vue différents
- d'analyser les points de vue différents (quels sont les biais, les préjugés?)
- d'évaluer différentes avenues (quel est le meilleur choix dans notre contexte, pourquoi?)
- d'accéder à de véritables experts qui travaillent dans un domaine sur lequel nous nous interrogeons avec qui je pourrai discuter.
- d'échanger avec des élèves d'un autre pays sur un sujet commun;
- de publier mes travaux et de recevoir des commentaires qui pourront m'aider à progresser
- d'utiliser des outils de création* (logiciels outils) et ainsi créer une capsule vidéo, audio, un livre, une bande dessinée
- etc.

Comment lire le tableau qui suit?


Le tableau se consulte de haut en bas. C'est de cette façon que l'on peut constater la gradation des processus cognitifs. Pour une connaissance de type factuel, commencer par constater comment on la mémorise pour ensuite descendre vers la création.



*Attention, la création n'est pas une reproduction, elle est une organisation personnelle originale pour laquelle l'élève a dû faire plusieurs choix. Voir la définition du processus de création dans le tableau taxonomique.